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toutes les autres puissances, tandis qu’il a été un temps où le roi a disputé l’empire de la mer à l’Angleterre et à la Hollande unies contre lui, et y a eu des succès et des victoires. Par cette même raison, augmenter l’émulation, en ne souffrant plus à l’avenir que les vice-amiraux devenant maréchaux de France conservassent leur vice-amirauté, puisqu’ils se trouvoient revêtus du premier grade militaire qui commandoit à tous, par quoi ce dédoublement feroit monter tout le monde ; et destiner aussi des récompenses, dont la marine est presque totalement privée, en lui affectant le gouvernement de tous les ports, et tous leurs états-majors, ce qui éviteroit de plus mille inconvénients pour le service, et des tracasseries sans fin entre les officiers de terre et de mer.

Revenant après sur mes pas à la taxe, je dis à M. le duc d’Orléans que cette entreprise n’avoit rien de contraire à ma proposition d’assembler les états généraux, parce que leur convocation n’étoit faite que pour rendre publique la situation forcée où il trouvoit les finances, et leur donner le choix des remèdes et de l’ordre qu’ils seroient d’avis d’y apporter. Que, quelque taxe qu’on se pût proposer par une chambre de justice, ou par toute autre voie, elle ne pouvoit remplir aucun de ces deux objets ; et que celle qu’il feroit ne touchoit aussi ni à l’un ni à l’autre, par quoi il seroit toujours vrai de dire aux états qu’il n’avoit fait, en attendant leur assemblée et leur délibération, que continuer la forme de l’administration qu’il avoit trouvée dans les finances, sans innover en rien, pour leur laisser toutes choses entières. J’ajoutai que je ne voyois point d’occasion plus favorable de faire et de presser la taxe telle que je la proposois, qu’au moment de la première publicité de la convocation des états, pour faire peur aux financiers d’être abandonnés à leur merci, et les assurer qu’en payant avant leur première assemblée, ils seroient garantis de leur haine, de leur vengeance et de tout ce qu’ils avoient tant lieu d’en appréhender,