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CHAPITRE XI.


Survivances, brevets de retenue et charges à rembourser. — Raisons et moyen de le faire, et multiplication de récompenses à procurer. — Taxe proposée n’a rien de contraire à la convocation des états généraux, qui lui est favorable. — Autres remboursements peu à peu dans la suite. — Nulle grâce expectative. — Remplir subitement les vacances. — Réparation des chemins par les troupes. — Extérieur du roi à imiter, et fort utile ; et conduite personnelle.


J’avois depuis fort longtemps une idée dans la tête que je voulus examiner, et voir si elle étoit possible, lorsque je commençai à m’apercevoir de la diminution de la santé du roi. Je fis sur cela un travail à la Ferté, où je m’aidai de gens plus propres que moi au calcul, sans leur communiquer à quoi il tendoit, et je connus qu’il y avoit de l’étoffe. Voici quelle elle étoit : je voulois rendre M. le duc d’Orléans maître de toutes les principales charges de la cour, à mesure qu’elles viendroient à vaquer, et d’autres dont je parlerai après, et lui donner auprès du roi l’honneur de les lui faire trouver libres à sa majorité. Il n’y en avoit presque plus qui ne fussent en survivance ou chargées de gros brevets de retenue qui tendoient au même effet. Par ce moyen elles étoient rendues héréditaires. Qui n’en avoit point n’en pouvoit espérer, le roi n’avoit rien à disposer. Les fils succédant aux pères obtenoient sûrement, ou sur-le-champ ou tôt après, le même brevet de retenue ; et si, par un hasard d’une fois en vingt ans, il s’en trouvoit une à disposer, c’étoit en payant le brevet de retenue par le successeur, qui alors en obtenoit sur-le-champ un pareil. Cette grâce lui faisoit bien