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mêler d’affaires d’État ou de gouvernement, ce n’avoit jamais été qu’au moyen et à l’ombre de la présence des pairs, et quelquefois des officiers de la couronne qu’il envoyoit convier d’y venir prendre leurs places, chose qui n’étoit pas à craindre en cette occasion, par l’intérêt des pairs, et des officiers de la couronne de ne se prêter pas au dessein de détruire leur droit autant qu’il étoit en eux, et leur ouvrage, pour soumettre l’un et l’autre aux magistrats qui n’en avoient aucun ; que, pour quelques-uns d’eux qui, en très petit nombre, se trouveroient nommés dans les dispositions, la jalousie du grand nombre qui n’y auroit point de part l’empêcheroit de se prêter à soutenir cette disposition et les entreprises du parlement contre eux-mêmes, encore moins quand la déclaration des conseils, sans nommer personne, leur montreroit un bien plus grand nombre de places considérables à remplir, et à y succéder par vacance, que les dispositions du roi n’en auroient établi, dont l’espérance encore les retiendroit tous, et le choix achèveroit de les attacher à lui. Enfin que je m’attendois bien aux plaintes du parlement, mais qu’elles seroient si semblables à celles qu’il fit sur la majorité de Charles IX et l’interprétation de la loi de Charles V faite au parlement de Rouen, que je comptois aussi que l’effet et la fin en seroit toute pareille, ce qui diminueroit d’autant le nom, le crédit, l’autorité du parlement, à l’augmentation du pouvoir du régent, et rendroit cette ardente compagnie d’autant plus retenue à entreprendre.

J’ajoutai un détail des pairs et des officiers de la couronne qui le devoit bien rassurer, outre l’esprit qui régnoit alors si peu favorable aux bâtards, par conséquent aux dispositions que le roi ne pourroit avoir faites qu’en leur faveur. Je fus d’avis que sur tout ce qui ne toucheroit ni l’État ni le gouvernement en aucune sorte, M. le duc d’Orléans se fit honneur d’en faire un entier à ces mêmes dispositions du roi, non pas comme faisant loi et par nécessité de les suivre,