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mais d’autorité : « Je ne soupçonne pas qu’aucun de vous s’y oppose ; » se lever, gracieuser un chacun, les convier de se trouver l’après-dînée au parlement, et si le roi mouroit le soir, ne faire cette assemblée que le lendemain matin, pour ne laisser pas la nuit au duc du Maine à cabaler le parlement, et au premier président d’y haranguer. Arrivé droit au parlement, lui dire qu’il vouloit par l’estime qu’il avoit pour la compagnie, sans rien de plus, leur venir faire part lui-même et se condouloir avec eux de la perte que la France venoit de faire, et de la régence qui lui échéoit par le droit de sa naissance, et les assurer du soin qu’il auroit de se faire éclairer de leurs lumières dans les besoins qu’il en auroit ; que, pour commencer à leur témoigner le désir qu’il en avoit, il leur communiquoit le plan qu’il estimoit le meilleur après M. le duc de Bourgogne, dans la cassette duquel il avoit été trouvé, et déclarer là les conseils sans nommer personne. Abréger matière, et finir la séance.

Comme la régence étoit faite et déclarée avant que d’y entrer, les gens du roi n’auroient point eu à parler, ni le parlement à opiner ni rendre d’arrêt. Si M. du Maine s’étoit mis en devoir de parler, l’interrompre et lui dire que c’étoit à lui moins qu’à personne à vouloir contredire ce qui s’étoit fait comme dans toutes les régences précédentes à celle des deux dernières reines, dont le cas particulier de chacune d’elles demandoit la forme qu’elles avoient prise, qu’elle étoit trop nouvelle et trop différente de celle de tous les temps pour avoir la force de la changer par ces deux seuls exemples, et qu’après toutes les choses inouïes qu’il avoit obtenues, il devoit éviter avec soin de parler de ce qui étoit de règle, comme de ce qui n’y étoit pas, et sans attendre de réponse, lever la séance. Si le premier président avoit voulu parler sur la même chose, l’interrompre pareillement, lui dire qu’il marqueroit toujours au parlement toute l’estime et la considération qu’il méritoit,