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à couvrir par les ténèbres ; ni fils de France ni prince du sang avec qui lutter, point d’indignes et de vils étrangers à faire régner ; point de faiblesse de sexe à étayer, nul usage utile à faire de l’appui du parlement, et tout au contraire, à en craindre par les noirs artifices du duc du Maine, et les manèges de son premier président appuyés des dispositions du roi et de l’intérêt du parlement à s’arroger la fonction de modérateur et de juge, de nourrir la division, de semer les occasions de s’y faire valoir, et d’usurper cette autorité de tuteurs des rois si destituée de tout fondement, et, tant qu’ils ont pu, si hardiment tentée, sur laquelle on verra dans la suite jusqu’à quel point ils osèrent la porter, faire repentir le régent de sa mollesse, et le forcer à briser périlleusement sur leur tête le joug que peu à peu il s’étoit laissé imposer Je le fis souvenir de ce que tous nos rois, jusqu’à Louis XIV inclusivement, avoient montré de fermeté toutes les fois que le parlement avoit osé vouloir passer ses bornes du jugement des procès et des enregistrements d’édits et d’ordonnances, et leur avoient déclaré que la connoissance de rien de ce qui étoit au delà n’étoit de leur compétence.

Je lui remis cette vérité, dont jusqu’à présent le parlement n’a osé disconvenir, que s’il est arrivé quelquefois que des matières plus hautes que les procès des particuliers, ou des enregistrements qui avoient quelque chose de plus que l'ut notum sit pour y conformer les jugements, avoient été traités au parlement par la volonté ou la permission du roi, c’étoit sa présence et des grands qui l’y accompagnoient, ou, en son absence, celle des pairs qui y étoient mandés par le roi, qui donnoit toute la force, à l’ombre desquels les magistrats du parlement y opinoient ; chose tellement certaine, que leur présence a toujours été nécessairement énoncée dans l’arrêt qui s’y rendoit, par ces termes consacrés : la cour suffisamment garnie de pairs, si essentielle au jugement même du parlement que toutes les fois qu’il y a eu des troubles où le parlement s’étoit laissé entraîner, comme sous la