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par des dispositions du roi odieuses, il savoit ce que les plus sages et les plus solennelles étoient devenues aussitôt après la mort de Charles V et de Louis XIII qui les avoient faites sur lesquelles il n’y avoit point à craindre que celles du roi eussent de l’avantage par toutes sortes de raisons ; que néanmoins il falloit penser à s’en garantir en ne se commettant pas avec imprudence ; que si le roi faisoit des dispositions là-dessus, il n’y avoit point à douter qu’elles ne tendissent à le diminuer pour accroître le duc du Maine ; que sans me départir de ce que je lui avois dit de la disposition des esprits, et en particulier du parlement sur la grandeur des bâtards, surtout sur leur apothéose, il falloit songer que le premier président étoit l’âme damnée de M. et de Mme du Maine, qui pour leur intérêt l’avoient mis à la tête du parlement dont il épouseroit aveuglément toutes les volontés, parce que, brouillé par cet attachement avec Mme la Duchesse et les princes du sang, ne pouvant par cela même s’assurer de Son Altesse Royale, et mal au dernier point par l’affaire du bonnet avec tant de gens considérables, il n’avoit de ressource que la protection du duc du Maine, et par conséquent le plus vif intérêt à toute sa grandeur, et son pouvoir ; que tel que fût le premier président, il avoit acquis à force de manèges du crédit dans sa compagnie, éblouie de son jargon, de sa politesse, de l’attachement qu’il leur avoit persuadé avoir pour tous les avantages de la compagnie et de ses magistrats, enfin par ses grands airs, sa table, sa dépense, et l’union que l’affaire du bonnet avoit si bien rétablie entre lui et les présidents à mortier, dont quelques-uns auparavant le tenoient en brassière ; que les cabales et les bassesses qui ne coûtoient rien à M. ni à Mme du Maine, qui avoient tant fait leurs preuves en artifices et en noires inventions, étoient indignes de tout homme et impraticables pour Son Altesse Royale, dans le degré surtout où elle se trouveroit ; qu’autre chose étoit de présenter un colosse dangereux à abattre et les plus saintes lois à préserver