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embarras et le même étonnement. Ce sera après à son adresse, à sa délicatesse, à son esprit, à son poids à ne s’ouvrir sur rien que sur l’importance de la requête, l’état violent et plus qu’embarrassant qui naît de cette attente opiniâtre des états généraux dans le salon, la nécessité extrême de les ménager, profiter de l’absence de ceux que la requête regarde, nécessairement abstenus du conseil, et de l’intérêt et de la bonne volonté qu’il peut trouver dans les autres membres, et faire conclure que la requête sera renvoyée par le roi au parlement pour y être jugée, les pairs mandés de s’y trouver par le roi, comme étant cause très majeure. Laisser les portes fermées, passer par le petit salon avec le conseil dans le cabinet du roi, lui rendre compte de la résolution, repasser chez lui avec le conseil, mander dans le salon les députés commis à la suite de l’affaire, leur remettre le résultat du conseil signé de lui, de tout le conseil et du secrétaire d’État qui en tient le registre, et en leur présence lui ordonner d’aller expédier sur-le-champ le renvoi de leur requête et de la leur envoyer à Saint-Germain. Les députés demanderont que le roi veuille bien recevoir le très humble remerciement des états, ajouteront que cependant le renvoi pourra être expédié, et déclareront que les états ne partiront point de Marly qu’ils n’aient toutes les lettres et expéditions nécessaires. Altercation encore là-dessus, fermeté d’une part, complaisance enfin de l’autre sur une chose qui n’emporte rien de plus que ce qui est accordé.

Les députés retourneront dans le salon rendre compte du succès de leur requête, tandis que le régent, suivi du conseil, passera chez le roi pour le suivre à l’audience de remerciement qu’il ira donner aux états. Ce remerciement sera pathétique sur l’importance de l’affaire, énergique sur la fidélité et l’attachement. Le roi, le régent et le conseil à sa suite retirés, les états iront par leurs députés remercier le régent et le conseil retournés chez lui, attendront leurs