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jamais régné en France, n’ayant pu opérer ce que Sa Sainteté désire, et à quoi Sa Majesté s’étoit engagée à elle, et y ayant vainement employé les soins, les grâces, les menaces et jusqu’à la violence, pendant quatre ou cinq ans sans relâche, il ne faut pas espérer d’un temps de minorité, par conséquent de faiblesse, ni de l’autorité limitée et précaire d’un régent, ce que n’a pu le plus puissant et le plus redouté des rois de France ; qu’il est également de la sagesse de Sa Sainteté de n’y pas compter, et de sa charité paternelle de ne pas exiger l’impossible ; que le régent se croit de plus en droit d’espérer d’un si grand et si saint pape qu’il seroit le premier à chercher tous les moyens possibles d’arrêter les divisions et les troubles dans le royaume d’un enfant, fils aîné de l’Église, aux ancêtres de qui l’Église universelle, celle de Rome en particulier, sont si particulièrement redevables, plutôt que de les augmenter en exigeant l’impossible ; étendre et paraphraser ce thème au mieux et avec les expressions les plus touchantes et les plus soumises, mais en montrant aussi une fermeté à s’y tenir qui ôte toute espérance de l’ébranler ; surtout ne se point lasser des recharges, et d’y répondre toujours sur ce même ton.

En même temps, faire revenir au nonce que s’il n’est sage, on ne sera pas retenu d’informer le pape de sa conduite scandaleuse, de la répandre à Rome et de lui fermer le chemin au cardinalat par cela même qu’il emploie à le hâter ; avertir sous main les jésuites qu’on est attentif à leur conduite dans toutes les provinces, qu’on n’est pas moins instruit de celle de leur général et des principaux de leur compagnie à Rome, qu’ils s’apercevront par un traitement attentif, suivi, proportionné, du mécontentement ou de la satisfaction qu’on en recevra. Tout d’une main séparer et finir l’assemblée actuelle des évêques qui n’est bonne ni occupée qu’à brouiller, n’accorder sur cela ni délai ni audience, dire aux cardinaux de Rohan et de Bissy qu’on n’a