Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/190

Cette page n’a pas encore été corrigée

etc., par des compliments et des persuasions qui feront merveilles pour leur couper la parole, et tout aussitôt vous retirer et les laisser ; et s’ils hasardoient de vous suivre, ou de vous faire demander à vous parler, leur faire dire civilement que l’accablement d’affaires ne vous le permet pas.

Mander un moment après le P. Tellier, lui dire que vous n’oubliez point les services qu’il vous a rendus ; que vous désireriez avec ardeur que le bien des affaires se pût accorder avec tout ce que vous voudriez faire pour lui, mais que la place que vous tenez vous impose des mesures auxquelles vous ne pouvez manquer ; qu’ainsi vous êtes forcé à lui dire que le roi veut qu’il soit conduit sur-le-champ à la Flèche, où il lui défend très expressément d’écrire ou de recevoir aucune lettre de personne que vues par celui qui en sera chargé, et qui les rendra ou enverra, ou non, comme il le jugera à propos ; que du reste le roi lui donne six mille livres de pension, et que, s’il en désire davantage, il n’a qu’à parler, avec certitude de l’obtenir sur-le-champ ; que le roi veut que rien ne lui manque en bois, en meubles, en logement, en nourriture, en livres, en tout ce qui peut servir à sa santé, à sa commodité, à son amusement ; qu’il ait deux valets et un frère que le roi payera, à condition qu’il les choisira et changera comme il lui plaira, sans dépendance que de l’intendant de la province, qui aura ordre de tenir la main à ce que rien ne lui manque ; qu’il soit libre et indépendant des jésuites, du collège, et qu’ils aient pour lui tous les égards, les attentions et les déférences possibles ; qu’il se puisse promener et dîner dans les environs, mais sans découcher ; et que le roi est disposé à lui accorder d’ailleurs tout ce qui pourra lui convenir, et même, en sa considération, des grâces, quand elles ne seront point préjudiciables.

Cela dit, le congédier sans écouter trop de discours ; et avoir pourvu que, en l’absence des supérieurs de la maison