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rendre nécessaires et importants, pour se faire courtiser et redouter, et parce qu’il n’y a plus de parti, et dès lors plus de chefs, ni de principaux de parti, quand l’affaire qui l’avoit fait est finie ; qu’il comprît donc qu’en leur prêtant l’oreille, il ne la termineroit jamais, qu’il en seroit plus tourmenté que d’aucune autre du gouvernement, et qu’il se trouveroit peu à peu entraîné à plus de violences, et tout aussi peu utiles à la protection même qu’il voudroit donner, qu’il n’en avoit vu commettre au roi, qui de sa part seroient bien plus odieuses ; qu’à mon avis, il n’avoit qu’un parti à prendre, mais à s’y tenir bien fermement : déclarer qu’il n’en prendroit aucun dans cette affaire, mander le cardinal de Noailles dès l’instant que le roi ne seroit plus, le présenter au nouveau roi lui-même, avec quelque propos gracieux mais sans affectation, lui faire valoir tête à tête ce premier pas et la place où il l’alloit mettre, et s’assurer ainsi de lui ; déclarer aussitôt après le conseil entier des affaires ecclésiastiques, pour éviter d’être obligé de refuser le pape si on lui donnoit le temps de faire des démarches là-dessus ; traiter avec distinction Rohan et Bissy ; leur faire sentir que vous voulez résolument une fin très prompte à cette affaire ; que vous avez toujours été ennemi de toute violence, surtout en matière qui a rapport à la religion ; qu’ils se doivent attendre qu’il n’en sera plus fait aucune ; que les prisons vont même être ouvertes à ceux que cette affaire y a conduits, et toutes les lettres de cachet à cette occasion révoquées, et l’exécuter en même temps ; les assurer que vous ne prenez aucun parti, et que c’est même en preuve de cette neutralité que vous rendez la liberté à ceux à qui cette affaire l’a fait perdre ; que vous laissez donc une égale liberté de part et d’autre, mais que vous ne souffrirez d’aucun côté la licence, ni pas plus les longueurs à terminer ; couper court ensuite, et s’ils abusent de votre politesse pour s’engager en longs discours, faire la révérence et les laisser, en les assurant que vous n’avez ni n’aurez jamais assez de loisir pour