Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/182

Cette page n’a pas encore été corrigée

de chaque conseil, surtout de celui de régence, fussent écrites à mesure par le secrétaire séant au bas bout de la table, lues par lui à la fin du conseil, signées de lui et du conseiller de semaine ; [ce] qui seroit son modèle pour son registre plus étendu, qui, à la fin de chaque mois, seroit relu au conseil et y seroit signé du chef et du secrétaire. Avec ces précautions je crus la balance bien observée, et bien difficile de rien expédier à l’insu ou contre l’avis du conseil, et cela dans celui des affaires étrangères comme les autres, pour les instructions, les lettres, les réponses, les ordres, et toute autre matière, excepté les choses également secrètes, importantes et rares, qui demeureroient entre le régent et le chef de ce conseil, mais qu’il seroit pernicieux et destructif d’étendre au delà d’une invincible nécessité.

Je voulois aussi des jours réglés pour tenir les différents conseils, tous dans la maison du roi, et des jours marqués à la régence pour y entendre les affaires de chaque conseil ; et, s’il s’en trouvoit de nature à ne pouvoir y être vues au jour ordinaire, les y porter seules au commencement ou à la fin du conseil de régence, sans que le chef d’un autre conseil, étant en son jour ordinaire à la régence, pût être de l’affaire extraordinaire qui y seroit portée, non plus que celui qui l’y porteroit en entendre aucune de celles qui y seroient naturellement traitées ce jour-là. J’insistai encore à séparer chaque département de conseil d’une manière si nette, si distincte et si précise, et à décider si promptement et si clairement les questions et les prétentions réciproques qui pourroient naître là-dessus dans les commencements, que chaque conseil ne pût empiéter ni lutter contre un autre, et que dans le public on n’eût aucun embarras pour savoir à qui s’adresser sur toute sorte d’affaire. Il falloit pourvoir avec la même précision à séparer bien distinctement les fonctions particulières de chaque membre de chaque conseil, et pourvoir ainsi à l’union des membres, en retranchant toute cause de prétention et de jalousie, ainsi qu’aux