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suffisoit à l’expédition des choses les plus secrètes, que je voulois rendre aussi les plus rares, et aux signatures en commandement absolument nécessaires, que j’avois dessein aussi d’éclaircir beaucoup en substituant celle du chef du conseil, en la joignant pour lors à celle du secrétaire du même conseil. On n’ignore pas que la prétendue signature du roi, mise au bas de chaque expédition qui sort des bureaux par le sous-commis qui écrit l’expédition même, n’a de force et d’autorité que celle qu’elle reçoit de la signature du secrétaire d’État. Il n’étoit donc pas difficile de supprimer cette prétendue signature du roi dont personne n’étoit la dupe, et qui n’étoit qu’une prostitution très indécente, et de transporter aux chefs des conseils, pour les matières de leurs conseils, le poids et l’autorité de celles des secrétaires d’État. Ce sont de ces choses que le temps amène comme de soi-même, en ne perdant pas les occasions de les établir sans entreprendre tout à la fois, mais se contenter d’abord du renversement de l’arbre pour en arracher après les racines à propos, et en empêcher radicalement la funeste reproduction.

Je proposai en même temps que les secrétaires d’État n’entrassent dans aucun des conseils, où l’ombre de ce qu’ils ne feroient que cesser d’être les rendroit dangereux ; mais d’admettre sans voix ni délibérative ni consultative même, surtout sans faculté de rapporter quoi que ce fût, un des deux secrétaires d’État au conseil de régence pour en tenir le registre exactement, qui seroit vérifié exactement tous les mois par celui des membres de ce conseil qui, à tour de rôle, se trouveroit en mois pour recevoir les placets que le seul secrétaire d’État de la guerre étoit en usage de recevoir sur toutes matières, lesquels lui seroient rapportés chez lui par deux maîtres des requêtes qui l’auroient accompagné en les recevant derrière la table dressée pour cela dans l’antichambre du roi, comme faisoit seul le secrétaire d’État de la guerre ; et les rapporter ensuite à M. le duc d’Orléans, accompagné