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damnée de Mme de Maintenon et de M. du Maine, et le maréchal de Villeroy. Desmarets, gendre de Béchameil mort surintendant de Monsieur, et beau-frère de Nointel que Monsieur, avant le retour de Desmarets, avoit fait faire conseiller d’État, sembloit devoir un attachement marqué pour M. le duc d’Orléans. Son ami intime le maréchal de Villeroy étoit son guide sur la politique de la cour ; et Desmarets compta pour tout le roi et Mme de Maintenon, et qu’ils ne finiroient point ; tout le reste pour rien, et se conduisoit en conséquence. Torcy, dont la sœur Bouzols avoit grand crédit sur lui par confiance en son esprit dont elle avoit comme un démon, et de laideur et de méchanceté espèce de démon elle-même, et tout à Mme la Duchesse de tous les temps, l’auroit volontiers tourné de ce côté-là. Il avoit une égale horreur de M. du Maine, et de ce qui se disoit de M. le duc d’Orléans. Il connoissoit bien le roi, et n’aimoit point Mme de Maintenon, qui aussi lui étoit fort contraire, mais il étoit assez ami du maréchal de Villeroy et des Estrées. C’étoit en ce genre les deux contraires. Il étoit, mais intimement, de Castries et de sa femme, tous deux à Mme la duchesse d’Orléans, et il étoit aussi de M. de Metz qui, sans savoir pourquoi, étoit fort contraire à M. le duc d’Orléans. De tant de contrastes rien ne résultoit. Torcy, enveloppé dans sa sagesse et dans ses fonctions, ne montra rien, et ne fit aucun pas d’un côté ni d’un autre. Voilà tous les ministres. Restoient deux secrétaires d’État qui ne étoient point : Pontchartrain fort contraire à M. le duc d’Orléans, pour se faire de fête auprès de Mme de Maintenon et des importants ; et La Vrillière, dont la charge et l’emploi étoit la cinquième roue d’un chariot. Je remets à faire connoître plus particulièrement ceux des personnages sur qui je ne me suis pas encore étendu à mesure qu’on les verra arriver aux places, ou qu’il sera question d’eux pour cela entre M. le duc d’Orléans et moi.

Le P. Tellier ne doit pas être oublié. On a vu son caractère,