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Étant auprès de lui, il me dit que le duc d’Anjou [1] ne s’y trouveroit point, n’étant pas en âge de juger, et que le roi n’en étoit capable que par la loi du royaume qui le déclaroit majeur à treize ans ; que les capitaines des gardes ne seroient point auprès du roi, n’ayant point de voix ni de séance au parlement ; que le prévôt de Paris n’y seroit point non plus, et que le duc de Joyeuse n’y entreroit que comme duc de Joyeuse et ne seroit point aux pieds du roi comme grand chambellan ; que les gens du roi demeureroient présents pendant le procès, encore qu’ils aient accoutumé de se retirer, après avoir donné leurs conclusions par écrit ; que les princes parents descendroient de leurs places et demanderoient d’être excusés d’assister au procès, et que le roi leur prononceroit qu’il trouvoit bon qu’ils y demeurassent.

« Étant arrivés en la Sainte-Chapelle et de là allant prendre nos places, MM. Chevalier et Champron, conseillers au parlement, vinrent au-devant de M. le chancelier. Il se mit au-dessus du premier président et n’en bougea pendant la séance. Le roi, ayant pris sa place, étoit accompagné, du côté des pairs laïques, à la main droite, des ducs de Guise, de Joyeuse son frère, d’Épernon, d’Elbœuf, de Sully, de Candale, et de quatre maréchaux de France, conseillers de la cour, qui prirent la séance entre eux, non du jour qu’ils étoient maréchaux de France, mais du jour qu’ils avoient été reçus conseillers de la cour au parlement, comme M. le chancelier le leur avoit prononcé sur la difficulté qu’ils lui en firent. Ainsi M. le maréchal de La Mothe-Houdancourt, le maréchal de Grammont, le maréchal de L’Hôpital et le maréchal de Villeroy prirent leurs places après les ducs et pairs. Du côté des pairs ecclésiastiques, à main gauche, étoient assis M. d’Aumale, archevêque de Reims, duc et pair de France, l’évêque de Beauvois (Chouart-Busenval), comte et pair, l’évêque de Châlons (Viallard), comte et pair, l’évêque de Noyon (Baradas), comte et pair. Au siège bas, au-dessous des ducs, le comte de Brienne (Loménie) [2], Bullion, sieur de Bonnelles, Le Fèvre d’Ormesson [3], Haligre et Morangis-Barrillon, conseillers d’État reçus au parlement [4]. Tous les présidents de la cour étoient présents, excepté le président de Maisons (Longueil), relégué à Conches en Normandie, pour avoir suivi le parti des princes avec son frère conseiller

  1. Frère de Louis XIV, qui prit le nom de duc d’Orléans après la mort de son oncle Gaston, duc d’Orléans.
  2. Le comte de Brienne, seigneur de la Ville-aux-Clercs, était un des quatre secrétaires d’État.
  3. Il s’agit de l’auteur même de ces Mémoires, André Le Fèvre d’Ormesson, père d’Olivier, dont j’ai souvent cité le journal.
  4. On nommait ces conseillers conseillers d’honneur, titre rarement accordé et seulement à des hommes éminents.