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et que Richelieu, sur son lit de mort, l’avoit désigné pour son successeur. Voici la lettre inédite, par laquelle le cardinal mourant lègue à Mazarin le soin de continuer son œuvre.

« Monsieur,

« La providence de Dieu, qui prescrit des limites à la vie de tous les hommes, m’ayant fait sentir en cette dernière maladie que mes jours étoient comptés ; qu’il a tiré de moi tous les services que je pouvois rendre au monde, je ne le quitte qu’avec regret de n’avoir pas achevé les grandes choses que j’avois entreprises pour la gloire de mon roi et de ma patrie. Mais, parce qu’il nous faut soumettre aux lois qu’il nous impose, je bénis cette sagesse infinie et je reçois l’arrêt de ma mort avec autant de constance que j’ai de joie de voir le soin qu’elle prend de m’en consoler. Comme le zèle que j’ai toujours eu pour l’avantage de la France a fait mes plus solides contentements, j’ai un extrême déplaisir de la laisser sans l’avoir affermie par une paix générale. Mais, puisque les grands services que vous avez déjà rendus à l’État me font assez connoître que vous serez capable d’exécuter ce que j’avois commencé, je vous remets mon ouvrage entre les mains, sous l’aveu de notre bon maître, pour le conduire à sa perfection, et je suis ravi qu’il recouvre en votre personne plus qu’il ne sauroit perdre en la mienne. Ne pouvant, sans faire tort à votre vertu, vous recommander autre chose, je vous supplierai d’employer les prières de l’Église pour celui qui meurt,

« Monsieur,
« Votre très humble serviteur,
ARMAND, cardinal-duc de richelieu. »

Cette lettre, qui fait le plus grand honneur aux deux cardinaux, est conservée dans le dépôt des manuscrits de la Bibliothèque impériale.


III. TERRES DISTRIBUÉES AUX LEUDES FRANCS APRÈS LA CONQUÊTE.


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Saint-Simon dit que les terres distribuées aux leudes ou compagnons des rois après la conquête s’appelèrent fiefs. L’assertion n’est pas entièrement exacte. Ces terres portèrent