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menace ? à des gens du plus grand état, qu’elle regarde comme ses ennemis, et que dans ce moment elle rend tels, et à qui elle ne craint pas de le dire. On verra dans la suite qu’il n’a pas tenu à elle, ni à son mari, caché alors derrière elle tant qu’il put, et jusqu’à la dernière comédie, comme il s’y cachoit ici, qu’ils n’aient renversé l’État et livré la France en proie…. Que n’auroit-on pas à ajouter !

Mesmes, trop vil pour s’arrêter à lui, et qui, par ce qu’on vient d’en voir, s’est montré par trop infâme pour ne pas déshonorer par le seul attouchement qui en voudroit réfléchir ou produire, laissera sauter par-dessus son infecte pourriture pour faire une courte réflexion sur le bonnet.

On en a vu ci-dessus la nouveauté, l’art et la plus qu’indécence ; elle est telle que les présidents eux-mêmes sont forcés de l’avouer. Toute leur défense est de se couvrir du nom et de la majesté du roi qu’ils prétendent représenter tous ensemble en leur commune présidence, et c’est par cette représentation qu’ils essayent de soutenir leurs prétentions. La fausseté de cet allégué se découvre en ce que les représentants du roi auroient la première place dans le lieu et la fonction de leur représentation. Or il est de fait que ce sont les pairs qui l’ont sur eux, tant aux hauts sièges qu’aux bas sièges, puisqu’ils sont à la droite du coin du roi, au haut bout derrière lequel il n’y a point de passage, et du côté de la cheminée, du côté du barreau de préférence, du côté de la place et du plaidoyer des gens du roi. Si on a nouvellement changé la cheminée, il demeure constant que c’est une nouveauté ; et le côté droit, à ce qui vient d’en être expliqué, demeure en existence et en évidence. Il faut donc dire que les présidents président au nom du roi, et non pas que des légistes pour leur argent le représentent. Cette représentation est même si fausse à leurs propres yeux qu’ils ne la pouvoient alléguer en présence du roi en lit de justice. Ils ne pouvoient pas même s’appuyer sur la simple présidence, puisque la présence du chancelier la leur ôte, et les