Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/434

Cette page n’a pas encore été corrigée

aperçu. Il se voue aux ténèbres, et les ténèbres mêmes le rejettent. On les voit ensuite, lui et son infâme instrument, tenter tout pour se tromper l’un l’autre : le premier président pour obtenir des ducs de suivre les présidents, et laisser M. du Maine dans la nasse ; M. du Maine chercher à s’assurer des ducs en leur donnant ce qu’ils vouloient, en laissant le premier président dans le fond du bourbier que sa servitude, à ce maître perfide, lui avoit fait creuser à lui-même. Couverts enfin l’un et l’autre de tout ce qui peut rendre les hommes plus méprisables et plus odieux, sans plus de ressource de n’être pas vus tels et à plein découverts, on voit M. du Maine se servir de son épouse, et abuser du respect dû à sa naissance de fille du premier prince du sang, pour faire nettement et distinctement les propositions les plus criminelles et en même temps les plus farcies de toutes les sortes de poisons, et qui, dans la rage de ne les pouvoir faire accepter, ose déclarer que, plutôt que se voir arracher ce qui n’est pas dans le pouvoir des rois, ni dans la nature des choses de donner, je veux dire la succession à la couronne, ils mettront le feu au milieu et aux quatre coins du royaume. Est-ce une [personne] issue de la couronne qui parle ? Est-ce quelqu’un dont les frères et les neveux y sont incontestablement appelés ? Le plus mortel ennemi de nos rois, de nos princes, de notre patrie, pourroit-il emprunter de la plus furieuse rage des paroles qui en fussent plus le langage ? et ce langage est celui d’une princesse du sang qui a oublié ce qu’elle est, et la reconnoissance de tous les biens, charges et grandeurs qu’a obtenus le mari qu’elle a épousé, qui ont passé à ses enfants, qui tous sont les premiers doubles adultérins que le soleil ait vus paroître, et que les lois violées ont soufferts hors du néant et de la non existence ! menace enfin qui, selon toutes les lois et suivant encore toute politique, en cela parfaitement d’accord avec les lois, mérite ce qu’on n’oseroit exprimer. Et à qui s’adresse-t-elle pour vomir cette criminelle