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cette compagnie. Les pairs ont la même voix et séance dans tous les parlements : dira-t-on qu’ils sont de tous les parlements ? le dira-t-on du chancelier qui préside à tous quand il lui plaît ? le dira-t-on des maîtres des requêtes qui y entrent à ce titre ? On a vu quel est celui qui a conservé aux seuls pairs cette séance et voix, lorsque tous les autres nobles et ecclésiastiques en ont été exclus. Cela a-t-il quelque trait à une qualité particulière de membre du parlement ? Jamais un grand fief de la couronne ayant par nature la majesté d’apanage, et du plus grand office de l’État et du plus ancien, ne ressembla à l’office vénal de judicature qui s’acquiert et se vend par un légiste. Ainsi voilà les deux premiers ordres que les pairs ne sauroient représenter dans le parlement. On ne sera pas plus heureux à y montrer le premier ordre dans les conseillers clercs. Les prélats des parlements assemblés en divers temps de l’année pour juger les causes des particuliers n’en étoient point par office, encore moins vénal, beaucoup moins comme docteurs ès lois et légistes, puisque les légistes y étoient assis à leurs pieds sans voix, et pour les conseiller à l’oreille quand il plaisoit à ces prélats de leur demander quelque éclaircissement. Il en étoit de même des nobles, et les uns et les autres y étoient nommés et mandés par le roi comme tels, tantôt les uns, tantôt les autres. Rien de plus dissemblable aux conseillers clercs qui, comme légistes et non autrement, mais aussi comme clercs pour protéger l’Église quand les prélats se furent retirés de ces trop fréquentes et trop longues tenues, ont eu des offices vénaux de conseillers affectés aux clercs : ce sont donc des clercs, mais légistes, et qui sans être légistes ne pourroient pas être conseillers. Ces légistes clercs ne peuvent donc représenter le premier ordre de l’État au parlement pour leur argent, et pour leurs examens et leurs degrés en lois.

La nobles se y est aussi peu représenté et par les conseillers d’honneur. Jusqu’au tiers du règne de Louis XIV, ces