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que par les gages, les taxations devacations, d’épices [1], et toutes les ordures d’un produit auquel tous, depuis le premier président jusqu’au dernier du parlement, tendent journellement la main et y reçoivent le salaire de chaque heure de travail ou de prétendu tel.

De tels membres sont plus distants, s’il se peut, des pairs et des hauts barons qui composoient seuls les anciens parlements, que le morceau de pré ou de terre, que l’hypothèque sur tel bien et les chicanes mercenaires qui font la matière des jugements des parlements d’aujourd’hui, des jugements des causes majeures des grands feudataires, et les grandes sanctions du royaume, qui étoient la matière de la décision de ces anciens parlements. Que si l’on compare à ceux d’aujourd’hui ces parlements tenus en divers temps de l’année, il n’y a qu’à comparer les nobles et les ecclésiastiques nommés par le roi pour les composer, avec les légistes assis sur le marchepied de leurs bancs pour les conseillers quand ils vouloient s’éclaircir tout bas de quelque chose ; et quant aux matières, si elles se rapprochent un peu plus, il ne se trouvera pas que ces parlements tenus en divers temps de l’année aient imaginé de pouvoir juger les causes majeures, ni de délibérer sur rien de public.

Si on cherche plus de similitude avec les parlements d’Angleterre, ceux dont il s’agit ici n’y trouveront pas mieux. Le parlement d’Angleterre est l’assemblée de la nation, ou, suivant nos idées, la tenue des états généraux, avec cette différence des nôtres, que ceux-là ont le pouvoir tellement en propre pour faire ou changer les lois et pour tout ce qui est droit et imposition, que le pouvoir des rois d’Angleterre est de droit et de fait nul en ces deux genres sans le leur, et qu’il ne s’y peut rien faire que par l’autorité du parlement. Elle est telle, qu’encore que le droit de

  1. Voy., sur les épices, les notes à la fin du volume.