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du sien, et cela dura longtemps de la sorte. Comme cela arrivoit de plus en plus souvent, leur surprise fit qu’ils se la communiquèrent. Elle augmenta beaucoup quand ils s’apprirent mutuellement qu’elle leur étoit commune depuis longtemps, et que ces arrêts qui l’avoient causée n’étoient l’avis d’aucun des deux côtés. Ils résolurent de lui en parler la première fois qu’ils s’en apercevroient. L’aventure ne tarda pas, et le hasard fit que la cause regardoit un marguilliage ; quelques-uns des plus accrédités de la grand’chambre lui parlèrent comme ils en étoient convenus entre eux, et tout modestement le poussèrent ; se trouvant à bout, il se mit à rire et leur répondit qu’il seroit bien malheureux, étant premier président, s’il ne pouvoit pas faire un marguillier quand il en avoit envie. Ces gentillesses furent enfin portées au roi avec les couleurs qu’elles méritoient, et il étoit chassé honteusement et avec éclat sans le duc de Gesvres, premier gentilhomme de la chambre, et de tout temps fort bien et fort libre avec le roi, qui en obtint qu’il donneroit sa démission comme un homme qui veut se retirer, et il se chargea de l’apporter au roi. La chose se passa de la sorte, et Harlay, lors procureur général, fut premier président, et La Briffe, simple maître des requêtes, procureur général.




CHAPITRE XVIII.


Les deux Novion, Harlay et Mesmes premiers présidents ; quels. — Affaire du bonnet. — Les princes du sang et les pairs cessent de suivre les présidents à la sortie de la séance des bas sièges. — Nouvelle forme pour les princes du sang et deux autres successives pour les pairs. — Huissiers d’accompagnement. — Nouveautés à