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y participant par le bénéfice de leur présence ; et c’est ce qui en ces grandes occasions a fait charger les arrêts et les enregistrements de ces paroles consacrées qui leur donnent toute leur force et leur valeur, la cour suffisamment garnie de pairs, paroles qui ont assez souvent passé dans les arrêts et les enregistrements communs lorsqu’il s’y trouvoit des pairs.

De cet envoi des édits, ordonnances, déclarations des rois, lettres patentes, etc., au parlement pour qu’elles fussent connues et observées, et que le parlement y conformât ses jugements dans les affaires qui y auroient trait, les troubles de l’État donnèrent lieu au parlement de s’enhardir, et de prétendre qu’ils étoient un milieu entre le roi et son peuple, qu’ils étoient les protecteurs, les gardiens et les conservateurs de ce peuple, et que, lorsqu’il se trouvoit foulé par des édits, c’étoit au parlement à en faire au roi des remontrances.

L’usage qui s’en étoit introduit sur des matières de règlement purement légales, où le parlement éclaircissoit et redressoit souvent par ses représentations ce qui n’étoit pas assez clair, ou assez conforme au droit commun ou public dans ces édits, etc., lui donna lieu aux remontrances sur les édits bursaux, à former la prétention que je viens de dire, à la confirmer, par l’usage où les rois avoient eux-mêmes peu à peu mis le parlement de faire de son autorité, contre les entreprises de la cour de Rome, et quelquefois même contre les entreprises de quelques évêques du royaume, ce que la politique du temps ne leur permettoit pas de faire par eux-mêmes, d’où le parlement s’arrogea l’autorité populaire, à laquelle celle de la police le conduisit comme par la main. L’abus des favoris, la mauvaise administration des finances, la faiblesse des règnes et des conjonctures, lui donnèrent beau jeu d’en profiter, et de s’acquérir les peuples, pour le soulagement desquels il sembloit combattre en établissant son autorité.