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et de la couronne ; grands juges du royaume et de la loi salique ; soutiens de l’État ; portion de la royauté ; pierres précieuses et précieux fleurons de la couronne ; continuation, extension de la puissance royale ; colonnes de l’État ; administrateurs, modérateurs de l’État ; protecteurs et gardes de la couronne (expression de l’avocat général Le Maître en un lit de justice de 1487) ; le plus grand don et le plus grand effort de la puissance des rois » (comme l’a encore dit et reconnu Louis XIV en propres termes) ; on ne finiroit point sur ces dénominations dont l’énergie épuise toute explication, et qui est la plus expresse sur la grandeur du rang, sur l’exercice du pouvoir législatif et constitutif, et sur l’identité de pairies et de pairs de tous les siècles et de tous les temps, puisque ces expressions n’en exceptent aucuns, et qu’elles ne sont que pour les pairs, comme tels, par la dignité de leur pairie, sans qu’il soit question en eux d’aucune autre sorte de grandeur, et ce seroit tomber en redites, moins supportables en une digression qu’ailleurs, que s’étendre en preuves sur une chose si claire et si manifeste.

On se contentera de remarquer que les temps de ces expressions étoient encore exacts et purs sur ce qu’on vouloit faire entendre. Il n’y avoit que la vérité qui portât nos rois et leurs organes à un langage si magnifique ; toute exagération, au moins en actes publics et portant le nom du roi, étoit encore heureusement inconnue ; rien que de vrai, d’exact, de légitime, n’y étoit donné à personne, et personne n’avoit encore osé y prétendre au delà ; rien n’y étoit donc inséré par flatterie, par faveur, par faiblesse, rien pour fleur, pour éloquence, pour l’oreille, tout pour réalité effective, existante, tout à la lettre pour vérité, exactitude, usage ; et ce n’est que bien des années depuis que la corruption a commencé à se glisser dans les actes, les prétentions à y primer, la faiblesse à y mollir, et finalement ce n’est guère que de nos jours que ceux qui obtiennent des patentes y font insérer tout ce qui leur plaît de plus faux et