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Les preuves de ce très court exposé sont éparses dans toutes les histoires de tous les temps, et on y renvoie avec assurance ici, où ce n’est pas le lieu d’en faire des volumes en les y ramassant. Le sacre seul, et la juste et sage déclaration d’Henri III en faveur des princes du sang qui les rend tous pairs nés à titre de leur naissance, fourniroient une foule de démonstrations.

Les pairs ecclésiastiques en sont une vivante à laquelle il n’est pas possible encore de se dérober. On a vu comme les grands bénéfices se sont établis, et comment les prélats, devenus grands seigneurs par la libéralité des rois et de leurs grands feudataires, sont devenus grands seigneurs, et quelques-uns grands feudataires eux-mêmes. L’Église, à l’ombre de l’ignorance et de la stupidité des laïques, s’accrut lors au point de se revêtir de toute la puissance temporelle par l’abus et la frayeur de la spirituelle. On ne peut attribuer à d’autres temps l’origine inconnue de la pairie attachée en titre de duché aux sièges de Reims, Laon et Langres ; et de comté à ceux de Beauvois, Châlons et Noyon. Voilà donc six pairies ecclésiastiques sans érection, comme les duchés de Bourgogne, Normandie et Guyenne, et les comtés de Toulouse, de Flandre et Champagne ; toutes douze en mêmes droits et fonctions quant à la dignité, et, nonobstant la distance, sans mesure de naissance et de puissance entre les six laïques et les six ecclésiastiques, en même rang, distinctions, égalité. Ces six prélats n’étoient pas différents de leurs successeurs jusqu’à nous, et s’ils cédoient le pas aux six laïques, c’étoit à raison d’ancienneté, puisque tout étoit entre eux parfaitement et entièrement égal. Excepté Reims et Beauvois, et encore qu’étoit-ce en comparaison des pairs laïques de Bourgogne, etc., il n’y a guère, à la dignité près, de plus petits-sièges que les quatre autres, et on peut avancer : aucun qui ne vaille Laon et Noyon. Néanmoins, quand les seigneurs eurent rappris à lire et repris leurs sens, et leurs vassaux à leur exemple, ils revendiquèrent