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et ce nom de conseiller leur est demeuré en titre, de passager qu’il étoit par leur fonction.

Peu à peu les pairs, occupés de guerre et d’autres grandes affaires, se dispensèrent souvent de se trouver à ces assemblées, où il ne s’agissoit que d’affaires contentieuses qui ne regardoient point les affaires majeures. Les rois aussi s’en affranchissoient. Les hauts barons y étoient appelés en petit nombre, quelques-uns d’eux alléguoient aussi des excuses, tellement que, pour vider ce nombre toujours croissant de procès que la diversité des coutumes des lieux et des ordonnances multiplioit sans cesse, les rois donnèrent voix délibérative aux légistes, et peu à peu ceux-ci, accoutumes à cet honneur, surent se le conserver en présence des pairs mêmes. Mais il n’est encore personne qui ait imaginé que, dès lors ni longtemps depuis, ces légistes aient ni obtenu, ni prétendu voix délibérative pour les affaires majeures, ni pour les grandes sanctions de l’État. Outre qu’il n’y en a point d’exemple, il n’y a qu’à les comparer aux pairs et aux hauts barons de ces temps-là. On verra dans la suite l’identité des pairs d’aujourd’hui avec ceux-là pour la dignité, l’essence, les fonctions, comme on a commencé à le faire voir. Suivons les légistes.

La même nécessité de vider cette abondance toujours croissante de procès donna lieu à des assemblées plus fréquentes. Nos rois les indiquoient à certaines fêtes de l’année, dans leurs palais, tantôt aux unes, tantôt aux autres, et ces assemblées prirent le nom de parlements, de parler ensemble ; de la vinrent les parlements de Noël, de la Pentecôte, de la Saint-Martin, etc. Les pairs s’y trouvoient quand il leur plaisoit pour y juger sans être mandés ; les hauts barons qui y étoient personnellement appelés par le roi en petit nombre ; et ceux d’entre les légistes qu’il plaisoit au roi. Jamais ni haut baron ni légiste qui ne fût pas nommé et appelé par le roi, jamais les mêmes en deux assemblées de suite autant qu’il se pouvoit.