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du mois de mai. Comme les délibérations n’étoient pas militaires, et qu’on n’en partoit plus pour la guerre, la foule militaire ne s’y trouvoit plus. Le roi, les pairs et ceux des hauts barons et quelques évêques que le roi y appeloit, formoient ces assemblées, d’où peu à peu il arriva que, le prétexte du désordre qui résultoit du service de fief multiplié par les fiefs devenus sans nombre sous les grands et les arrière-fiefs, l’abus de ce service des vassaux des grands fiefs, contre les rois même quand les grands vassaux leur faisoient la guerre, fit que les rois, accrus d’autorité et de puissance, parvinrent à abolir ce service de fiefs, tant pour les suzerains de toute espèce que pour eux-mêmes, changèrent sous divers prétextes la forme de la milice, et la réduisirent pour l’essentiel à l’état de levées, de solde, de distribution par compagnies, à peu près dans l’état où elle se trouve aujourd’hui. Ainsi les rois mirent en leur main des moyens de puissance et de récompenses qui énervèrent tout à fait la puissance et la force de tous les grands vassaux et de tous les suzerains, qui ne furent plus suivis des leurs à la guerre ; ainsi cette foule militaire des champs de mai disparut, et bientôt n’exista plus ensemble. D’autres que ces anciens Francs d’origine furent admis dans la milice ; de là les nobles factices qui accrurent encore le pouvoir des rois.

Les assemblées purement civiles n’étoient pas inconnues du temps même des placita conventa ou champs de mai, comme le témoignent les capitulaires de Charlemagne et de ses enfants. C’étoient des assemblées convoquées par ces princes dans leurs palais, mais qui n’étoient composées que de ces mêmes grands feudataires et des prélats consultés aux champs de mai, où il se faisoit des règlements qui regardoient l’Église, la religion et les affaires générales, mais civiles, ce qui n’empêchoit pas la tenue ordinaire des champs de mai.

Mais lorsque ces champs de mai ou placita conventa eurent disparu par le changement de la forme de la milice dont on