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évêques, dont la diminution des grands fiefs avoit diminué ces assemblées ; et par l’usage que prirent nos rois d’y appeler de ces hauts barons, ils y balancèrent la trop grande autorité du petit nombre de ces trop puissants pairs de France. La différence fut, et qui a subsisté jusqu’à nous dans toutes les différentes sortes d’assemblées qui ont succédé aux placita conventa, fut que tous les pairs y assistoient de droit, en faisoient l’essence, qu’il ne s’y faisoit rien sans leur intervention à tous ou en partie, et qu’il leur falloit une exoine, c’est-à-dire une légitime excuse et grave, pour se dispenser de s’y trouver, au lieu que la présence des hauts barons n’y étoit pas nécessaire, qu’ils n’y pouvoient assister que lorsque nommément ils y étoient mandés par le roi, que jamais ni tous ni la plus grande partie n’y étoient mandés, ni presque jamais les mêmes plusieurs fois de suite ; ainsi ces hauts barons appelés à ces assemblées, au choix et à la volonté des rois, n’y étoient que des adjoints admis personnellement à chaque fois, et non nécessaires ; tandis que les pairs l’étoient tellement que tout se faisoit avec eux, rien sans eux.

On voit par cette chaîne non interrompue depuis la naissance de la monarchie, cette même puissance législative et constitutive pour les grandes sanctions de l’État, concourir nécessairement, et par une nécessité résidante dans le même genre de personne, sous quelque nom que ç’ait été, de grands vassaux, grands feudataires, leudi, fidèles, mais toujours relevant immédiatement de la couronne, enfin de pairs, laquelle étoit en eux seuls privativement à tous autres seigneurs, quelque grands qu’ils fussent, sous les trois races de nos rois.

Les querelles, les contestations de fief pour successions, pour dettes, pour partages, pour saisie faute d’hommage, de service, ou pour crimes, se multipliant de plus en plus, ainsi que les affaires d’administration civile, rendirent les grandes assemblées plus fréquentes et hors du temps accoutumé