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d’esprit, et amie particulière de la princesse des Ursins. Albéroni, qu’elle avoit envoyé à Parme dès les commencements de cette affaire du mariage, retourna de la part du duc de Parme à son emploi d’Espagne, à la suite de la nouvelle reine.

Deux mariages moins importants se firent en même temps. La princesse d’Espinoy, intimement liée, comme on l’a vu en plus d’un endroit avec feu Mme de Soubise et ses fils, donna sa fille, qui étoit fort riche, au fils unique du prince de Rohan, qui de son côté devoit l’être infiniment. Il n’y eut point de fiançailles chez le roi, et quelques jours après Mme d’Espinoy présenta sa fille, qui prit le tabouret au souper.

L’autre mariage ne fut pas si égal en biens et en naissance. Le comte de Roucy s’étoit détaché de faire le mariage de Mlle de Monaco pour son fils, malgré Mme de Monaco et M. le Grand. Il le maria à la fille d’Huguet, conseiller au parlement, unique et fort riche, dont le comte de Roye avoit fort grand besoin.

Le roi, qui avoit été de fort mauvaise humeur durant le chemin, jusqu’à se fâcher de bagatelles contre son ordinaire, à casser le cocher qui le menoit, et à tomber sur le premier écuyer qu’il aimoit, à ce que me dit Mme de Saint-Simon, qui alla à Fontainebleau et en revint seule dans son carrosse avec les princesses, n’étoit apparemment pas revenu du tourment qu’il avoit reproché au duc du Maine, et dont il avoit parlé si ouvertement et si amèrement au premier président, et au procureur général, et à la reine d’Angleterre, sur tout ce qu’on lui avoit fait faire si fort contre son gré. Il trouva son appartement à Fontainebleau tout à fait changé. Je ne sais s’il fut plus commode, mais il n’en parut pas plus beau.

L’électeur de Bavière y vint peu de jours après, et s’y établit chez d’Antin avec une table et le plus gros jeu du monde qui commençoit dès le matin. Il ne laissoit pas d’aller jouer