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CHAPITRE XII.


Duc de Beauvilliers ; quel sur le cardinal de Noailles, Rome, Saint-Sulpice, les jésuites. — Mesures futures pour l’archevêque de Cambrai. — Ambition de ce prélat. — Grandeur d’âme et de vertu du duc de Beauvilliers. — Comparaison des ducs de Chevreuse et de Beauvilliers. — Mot plaisant et vrai du chancelier de Pontchartrain. — Caractère de la duchesse de Beauvilliers. — Fortune et conduite des Saumery. — Épreuve et action de vertu héroïque de la duchesse de Beauvilliers. — Mort de la duchesse de Beauvilliers en 1733.


M. de Beauvilliers fut duc en se mariant sur la démission de son père dont il eut les gouvernements à sa mort, et chevalier de l’ordre de la promotion de 1688. En 1689 le roi lui demanda s’il feroit autant de difficultés pour être gouverneur de Mgr le duc de Bourgogne, qu’il alloit ôter d’entre les mains des femmes, qu’il en avoit apporté pour la place de chef du conseil des finances. Il n’en fit aucune et l’accepta. Il le fut des deux autres fils de France, à mesure qu’ils quittèrent les femmes ; et ce fut avec tant de confiance de la part du roi, qu’à l’exception de Moreau, un de ses premiers valets de garde-robe qu’il fit premier valet de chambre de ce prince et de deux ou trois valets qu’il y voulut placer, il laissa tout le reste au choix du duc de Beauvilliers : précepteur, sous-gouverneur et tout le reste, sans faire de perquisition sur aucun. On a vu ailleurs que ce fut aussi avec tant de désintéressement de la part du duc qu’il refusa absolument les appointements pour les deux autres princes : quarante-huit mille livres pour chacun par an, c’est-à-dire quatre-vingt-seize mille livres.

La mort de Louvois, qui rendit le roi libre sur bien des