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eux, vécut en citadin obscur à Rome, et fort inconnu. Ses enfants furent plus heureux. Le cardinal Mazarin en fit comme des siens, et les fit venir en France. Il y avoit trois garçons et cinq filles ; deux autres étoient mortes à Rome enfants.

L’aîné des fils fut tué au combat de Saint-Antoine, en 1652, tout jeune. Il promettoit beaucoup et la fortune encore davantage. Le cardinal Mazarin en fut très affligé. M. de Nevers étoit le second, dont il a été parlé en son lieu. Le troisième, qui ne promettoit pas moins pour son âge que l’aîné, mourut à quatorze ans, en 1658. Il étoit au collège des jésuites. La jalousie que quelques écoliers conçurent des distinctions qu’il y avoit les poussa à le berner dans une couverture. Il en tomba, et se blessa tellement qu’il en mourut, dont le cardinal Mazarin fut outré. Cet exemple, et celui du fils aîné du maréchal de Boufflers par les jésuites mêmes, avec bien d’autres, montrent que ce collège des jésuites n’est pas un lieu sûr pour ceux que la fortune élève dès leur première jeunesse. Voici maintenant les filles [1] :

Laure-Victoire, mariée, 4 février 1651, au duc de Mercœur, fils aîné du duc de Vendôme, bâtard d’Henri IV, puis duc de Vendôme, morte à Paris, 4 février 1657, mère du dernier duc de Vendôme, dont il a été tant parlé en ces Mémoires, et du grand prieur de France. Elle n’avoit pas vingt et un ans encore. Son mari fut cardinal en mars 1667, et mourut en août 1668.

Olympe, mariée, 20 février 1657, à Eugène-Maurice de Savoie, comte de Soissons, colonel général des Suisses et Grisons, gouverneur de Champagne et Brie, dont, entre autres enfants, elle eut le comte de Soissons et le fameux prince Eugène. J’ai tant parlé d’elle en divers endroits que je n’ai rien à y ajouter.

Marie, qui fut l’objet des premières amours du roi, qui la

  1. Voy. notes à la fin du volume p. 399.