Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 10.djvu/416

Cette page n’a pas encore été corrigée
qui se marient. — Fiançailles, mariage, festin, chemises et visites du double mariage de M. le Duc et de M. le prince de Conti. — Mauvois ménage du prince et de la princesse de Monaco. — Grâces très-insolites accordées à M. de Monaco pour la transmission de son duché-pairie. — Mariage du fils du comte de Roucy proposé avec Mlle de Monaco, que Mme de Monaco rompt avec éclat ; [elle] vient à Paris et à la cour, où elle trouve peu d’agréments. — Mariage du duc d’Olonne avec Mlle de Barbezieux. — Mariage de Pontchartrain avec Mlle de Verderonne, où le chancelier me force d’assister. — Mort de la comtesse de Prado. — Extraction et fortune des Prado. — Mort de la duchesse d’Angoulême, veuve du bâtard de Charles IX. — Mort de l’évêque de Rosalie ; sa famille ; sa vie. — Mort de l’abbé Régnier. — Changement de charges chez Madame. — Beauvau archevêque de Toulouse. — Amusements du roi chez Mme de Maintenon. — Audience de congé du duc et de la duchesse de Shrewsbury, à Marly, tout à fait inusitée.


Mlle de Conti étoit amie de Mme la duchesse de Berry dès leur jeunesse, quoique la première eût six ans plus que l’autre. Elles se voyoient souvent. Leur séjour de Paris y contribuoit. Les filles de Mme la Duchesse étoient élevées à Versailles, et il n’y avoit jamais eu d’amitié entre Mme la Duchesse et Mme la princesse de Conti sa belle-sœur. Il y avoit bien longtemps aussi qu’elle étoit éteinte entre Mme la duchesse d’Orléans et Mme la Duchesse, tellement que, outre l’éloignement des lieux, leurs enfants n’étoient pas pour vivre ensemble. Mlle de Conti menoit une vie fort contrainte ; Mme sa mère avoit de l’humeur et tenoit quelque chose de M. le Prince son père. Mme la Princesse, à qui feu M. le prince de Conti étoit attaché d’un tendre respect, l’avoit fort aimé, et elle chérissoit Mlle de Conti avec d’autant plus de tendresse que M. le prince de Conti l’avoit toujours aimée avec passion, et lui en avoit laissé de grandes marques par son testament. C’étoit donc Mme la Princesse qui étoit l’appui et la consolation de Mlle de Conti, qui avoit en elle toute confiance, qui versoit dans son sein toutes ses peines, mais chez qui, par son âge, sa dévotion et son genre de vie, elle ne pouvoit pas trouver d’amusement. La