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paraphrasa ce thème de toutes les louanges dont il étoit susceptible. M. le duc de Berry rougit de dépit, sans dire une parole, et marchant toujours pour gagner le lit ; elle de redoubler, d’admirer sa modestie, qui le faisoit rougir et ne point répondre, et ne cessa point qu’ils ne fussent arrivés auprès de la mariée. M. le duc de Berry n’y demeura que quelques moments debout et s’en alla. Il fut reconduit comme il avoit été reçu, et toujours poursuivi par cette vieille sur les merveilles qu’il avoit faites, et les applaudissements qu’il s’étoit attirés du parlement et de tout Paris. Délivré d’elle à la fin par le terme de la conduite, il s’en alla chez Mme la duchesse de Berry, où il trouva du monde, n’y dit mot à personne, à peine à Mme la duchesse de Berry, prit Mme de Saint-Simon, et s’en alla chez lui seul avec elle, où il s’enferma dans son cabinet.

Il s’y jeta dans un fauteuil, s’écria qu’il étoit déshonoré, et le voilà aux hauts cris et à pleurer à chaudes larmes. Il raconta à Mme de Saint-Simon, à travers les sanglots, comment il étoit demeuré court au parlement sans pouvoir proférer une parole ; à appuyer sur l’affront que cela lui faisoit devant une telle assistance, qui se sauroit partout, et qui le feroit passer pour un sot et pour un imbécile ; puis tomba sur les compliments qu’il avoit reçus de Mme de Montauban, qui, dit-il, s’étoit moquée de lui et l’avoit insulté, et qui savoit bien sûrement ce qui lui étoit arrivé ; et de là à l’appeler par toutes sortes de noms dans la dernière fureur contre elle. Mme de Saint-Simon n’oublia rien pour l’adoucir et sur son aventure et sur celle de Mme de Montauban, en l’assurant qu’elle ne pouvoit pas savoir ce qui s’étoit passé au parlement, dont personne encore n’étoit informé à Versailles, et que la flatterie lui avoit fait dire tout ce qu’elle ne faisoit que se figurer. Rien ne prit : les plaintes et le silence se succédèrent toujours parmi les larmes. Puis tout à coup se prenant au duc de Beauvilliers et au roi, et accusant son éducation : « Ils n’ont songé, s’écria-t-il, qu’à m’abêtir