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au maréchal de Montrevel des siennes, que je savois qui alloit arriver à Paris, de juger lui-même les questions et les prétentions entre M. son fils et moi, puisque Montrevel n’en tenoit que la place, de demander après au roi de tourner au règlement perpétuel ce qu’il auroit jugé, afin que je m’ôtasse de la tête ce qui me seroit ôté, et qu’une fois pour toutes aussi je demeurasse certain et paisible dans ce qui me seroit laissé.

M. du Maine qui, de sa vie, quoi que j’eusse fait, n’avoit cessé de me rechercher, me combla de politesse et de remercîments d’un tel procédé, et accepta ce que je lui proposois. Montrevel arriva ; il n’osa éviter le règlement, et d’en passer par où M. du Maine jugeroit à propos ; mais il fut si fâché de se voir au pied du mur sur des usurpations sans fondement, que je m’aperçus qu’il me saluoit fort négligemment avec une affectation marquée lorsque je le rencontrois, et à Marly où il vint cela étoit continuel, tellement que je me mis à le regarder entre deux yeux, et à lui refuser le salut tout net. Au bout de quelques jours de cette affectation de ma part, voilà un homme hors des gonds, qui va trouver M. du Maine, qui dit que je l’insulte, et qui se met aux plaintes les plus vives. J’allai peu après chez M. du Maine pour mon affaire. À la fin de la conversation, il me parla de celle que le maréchal avoit eue avec lui, et me demanda ce que c’étoit que cela. Je le lui dis et j’ajoutai que je ne craignois pas, depuis que je vivois dans le monde, d’être accusé de manquer de politesse avec qui que ce fût, mais que je n’étois pas accoutumé aussi que qui que ce fût s’avisât de prendre des airs avec moi ; que ceux de Montrevel m’avoient engagé à lui marquer que je méprisois les fats et les matamores, et que je ne le faisois que pour qu’il le sentît. M. du Maine me voulut arraisonner sur le lieu où nous étions, sur ce qui pouvoit résulter d’être ainsi sur le pied gauche avec un homme qu’on rencontroit à tous moments, et qu’il y avoit des sottises dont il ne falloit pas s’apercevoir