Le comte de Nassau-Saarbrük mourut dans son château de Saarbrück, où il s’étoit comme retiré depuis quelques années. Il avoit toujours servi, étoit lieutenant général, et il avoit le régiment Royal-Allemand, qui est de vingt-cinq mille livres de rente. C’étoit l’homme du monde le mieux fait, du plus grand air et imposant, fort poli, fort brave, fort honnête homme, avec peu d’esprit et considéré. Il étoit aussi fort riche, mais luthérien, et point vieux. Le roi lui-même lui avoit fait diverses attaques sur sa religion avec bonté, et ne lui avoit pas laissé ignorer qu’il irait à tout en se faisant catholique, sans l’avoir pu ébranler.
Une autre mort dont je ne parlerois pas sans la singularité de l’homme, est celle de l’évèque de Viviers. Il étoit frère de Chambonas, qui étoit à M. du Maine. C’est sans doute cette protection qui le fit souffrir dix ans de suite à Paris dans un logis garni auprès de ma maison. Il écrivoit toute la nuit jusqu’à épuiser plusieurs secrétaires, et se levoit à une heure ou deux après midi. Il mandoit tous les ordinaires des nouvelles des fanatiques de Languedoc et d’autres nouvelles de la province, de Paris, où il étoit, à Bâville, intendant ou plutôt roi du Languedoc, qui étoit à Montpellier, qui ne put jamais détruire ce commerce que Viviers grossissoit de force mémoires et instructions. Avec cinquante mille livres de rente de son évêché et d’une