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comte de Lœwenstein, frère de Mme de Dangeau, grand doyen de Strasbourg, chanoine de Cologne et d’autres grandes églises, que nous verrons bientôt évêque de Tournai, sans être dans les ordres. Ce comte eut une longue audience du roi, tête à tête. Le chapitre consentit par degrés à des adoucissements sur les mères, même pour les Allemands, et peu à peu enfin à recevoir les François sans preuves, qui auroient trois ascendants masculins ducs. Ces trois ascendants furent une fort mauvaise idée, c’étoit la date qu’il falloit fixer. Je suis par exemple duc et pair trente ans avant M. d’Aumont, pour ne citer que celui-là et en laisser beaucoup d’autres ; je ne suis pourtant que le second, car c’est mon père qui le fut fait, et qui fut enregistré, reçu le 1 février 1635. M. d’Aumont est le cinquième ; son grand-père pourroit donc, s’il vivoit, mettre de ses enfants dans le chapitre de Strasbourg, tandis que je n’y ferois pas recevoir les miens, et le maréchal d’Aumont n’est duc et pair que de la fin de décembre 1665.

La vieille Mailly mourut à quatre-vingt-cinq ou six ans, aussi entière de tête et de santé qu’à quarante. C’est celle que la longueur de son visage étroit et la singularité de son nez faisoit nommer la Bécasse. Elle étoit Montcavrel, et longtemps depuis son mariage elle devint héritière de sa maison qu’elle rendit très-puissante en biens, de très-pauvres qu’étoient son mari et elle, à force de travail, d’assiduité, d’art et de procès. J’ai parlé en son lieu de la substitution qu’ils firent. Elle traita toute sa vie ses enfants à la baguette, en jeta un à Saint-Victor dont il se seroit bien passé. Il en devint pourtant prieur, puis évêque de Lavaur, et fut homme de bien. Il étoit mort à Montpellier un mois ou deux avant elle. Elle força un autre de ses fils à se faire prêtre, dont il ne pouvoit se consoler, et le laissa les coudes percés pourrir à Saint-Victor sans y être religieux, jusqu’à ce que le mariage de son autre fils avec la nièce à la mode de Bretagne de Mme de Maintenon, qui fut dame d’atours