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donna tout entier, faute de mieux, et en prit l’occasion de quitter sa place d’aumônier du roi.

On sentit sur les huit heures du soir du 6 novembre, à Paris et à Versailles, un tremblement de terre si léger, qu’assez peu de gens s’en aperçurent. Il fut très-sensible vers la Touraine et le Poitou en quelques endroits, le même jour et à la même heure, en Saxe et dans quelques villes d’Allemagne voisines. En ce même temps on établit à Paris une nouvelle tontine[1].

Le grand prieur, qui n’avoit pu obtenir la liberté du fils de Massenar, dont il a été parlé lors de l’enlèvement du grand prieur en représailles par le père de cet homme qui étoit dans Pierre-Encise, avoit peu à peu obtenu quelque liberté des Suisses : il vint enfin à bout de l’avoir tout entière, et permission du roi de venir demeurer à Lyon, mais sans approcher la cour ni Paris de plus près. Il y demeura depuis tant que le roi vécut.




CHAPITRE II.


Mariage du czaréwitz avec la sœur de l’impératrice régnante. — Départ de l’archiduc pour l’Italie et l’Allemagne, qui laisse l’archiduchesse à Barcelone avec Staremberg. — Mohnez. Espagnol, doyen de la Rote, interdit par le pape. — Duc d’Uzeda ; sa maison ; sa grandesse ; ses emplois ; sa défection ; renvoie l’ordre du Saint-Esprit. — Sa vie et sa fin obscure. — Catastrophe, à Vienne, de son fils. — Entrevue du duc de Savoie et de l’archiduc dans la
  1. On appelait tontine une association financière composée de personnes qui mettaient chacune un capital en commun pour en retirer une rente viagère placée sur leur tête ou sur celle d’autrui ; avec la condition que l’intérêt serait réversible à chaque décès sur les survivants. Le nom de tontine venait du Napolitain Laurent Tontin, qui avait obtenu de Louis XIII, en 1635, l’autorisation de fonder à Paris un établissement de ce genre.