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La confiance qu’on prit en elle lui fit donner le soin de l’éducation de Mlle de Blois. Elle y fut continuée après la retraite de Mme de Montespan, et le roi l’y attacha de nouveau sans titre, lorsqu’il maria Mlle de Blois à M. le duc d’Orléans, qu’elle suivoit même au défaut de ses deux dames. Elle avoit épousé, chez Mme de Montespan, Jussac qui étoit à M. du Maine sur le pied nouveau de premier gentilhomme de sa chambre, qui fut tué au combat de Leuse, et qui lui laissa un fils, tué aussi depuis dans la gendarmerie tout jeune, et deux filles. Mme d’Orléans l’aima toujours tendrement. Sans rien perdre de l’attachement le plus marqué pour Mme de Montespan jusqu’à sa mort, ni de sa confiance, elle sut s’attirer celle du roi et de Mme de Maintenon, sur ce qui regardoit Mme la duchesse d’Orléans, beaucoup d’amis et de considération dans le monde.

Elle avoit marié sa fille aînée à Chaumont, colonel d’infanterie, dont le nom étoit d’Ambly, qui fut tué brigadier, sans enfants. Armentières, qui tenoit M. le duc d’Orléans par Mme d’Argenton, crut ne pouvoir mieux faire que de s’assurer aussi Mme la duchesse d’Orléans à cause de la cour et du service. Il songea donc à épouser la seconde fille de Mme de Jussac, fort jolie, et qui, avec moins d’esprit que la mère, mais un esprit de sagesse et de conduite, lui ressemblent dans tous les points. Il tourna si bien qu’en 1709, tout au commencement de l’année, le mariage se fit par le concours fort rare de l’épouse et de la maîtresse. Il en eut une charge de chambellan de M. le duc d’Orléans, qu’il lui paya, et un régiment d’infanterie avec des pensions. II avoit déjà produit ses frères, et il attrapa bientôt après une charge de chambellan pour l’aîné, qui, au commencement de cette année-ci, épousa la fille aînée de Mme de Jussac, veuve de Chaumont. Dans la suite ils furent l’un après l’autre premiers gentilshommes de la chambre de M. le duc d’Orléans, un peu avant et pendant la régence, et après leur mort à tous deux, le chevalier leur frère leur succéda, qui, à la