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d’amis et d’amies considérables. Elle avoit été recueillie jeune et pauvre chez la duchesse d’Orval, sœur de Palaiseau, chez qui elle logea la plus grande partie de sa vie, et à qui à son tour elle fut fort utile quand elle la vit tombée dans la pauvreté. Elles ne laissèrent pas de se séparer d’habitation sur la fin, comme Saint-Romain et Courtin, deux conseillers d’État fort connus par leurs ambassades, dont il a été quelquefois mention, et qui avoient toujours logé ensemble par amitié. Mlle d’Armentières laissa quatre mille livres de pension à la duchesse d’Orval, l’usufruit de son bien à la duchesse du Lude, son amie intime de tout temps, et le fonds à M. d’Armentières, son plus proche parent, et l’aîné de sa maison. Sa mère n’étoit rien, son père parut peu, quoique gouverneur de Saint-Quentin et avec un régiment ; mais le père de celui-là, aussi gouverneur de Saint-Quentin, fut lieutenant général, député de la noblesse pour le bailliage de Vermandois aux derniers états de Blois en 1588, ambassadeur vers les archiducs en Flandre, chevalier du Saint-Esprit en 1597, et chevalier d’honneur de la reine Marie de Médicis. Il eut la terre d’Armentières de sa femme, qui étoit Jouvenel avec le sobriquet de des Ursins et héritière ; et le père de celui-là étoit ce vicomte d’Auchy, capitaine des gardes du corps de Charles IX, qui garda le roi de Navarre à Vincennes, qui y acquit son amitié, et que les Mémoires de Castelnau appellent froid et sage, et l’un des plus hommes de bien de son temps.

Mlle d’Armentières n’avoit qu’un frère dont la mère étoit Pinart, héritière de grandes terres, entre autres de Louvois, et dont le père étoit ce vicomte de Comblisy, fils du secrétaire d’État qui trahit Henri IV et rendit à la Ligue Château-Thierry, dont il étoit gouverneur, et qui étoit alors une place importante. Son petit-fils par sa fille dissipa tout dans une vie obscure et inconnue, épousa une gueuse des rues dont il n’eut point d’enfants, et mourut en 1604. Les restes ne laissèrent pas d’être encore bons. Mlle d’Armentières les