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soit de cette prétention, en tout ni dans aucune de ses parties. Il faut donc en venir à l’usage.

Henri III, instituteur de l’ordre, en a fait dix promotions, et en pas une des dix on ne trouve aucun chevalier présenté à faire. Le duc d’Alençon étoit pourtant son frère, qui avoit une maison et une cour nombreuse, qui par le malheur des temps figuroit plus que n’a fait Gaston du règne de Louis XIII, et incomparablement plus que n’a fait Monsieur. Si on dit que le duc d’Alençon se moqua de l’institution de l’ordre du Saint-Esprit, qu’il ne voulut jamais le prendre, et qu’il affecta toujours de porter celui de Saint-Michel seul, pour des raisons qui ne sont pas de notre sujet, on répondra que ce qui pouvoit être bon pour lui, que l’ordre nouveau ne pouvoit honorer ni distinguer, ne l’étoit pas pour ceux qui auroient pu être présentés par lui pour l’avoir, qui en auroient été fort aises, et lui de nommer à un ordre qu’il ne vouloit pas recevoir. Mais outre ce raisonnement, le fait parle. Le duc d’Alençon n’y a jamais nommé, et il ne paroît point qu’il l’ait jamais prétendu. D’autres fils de France, il n’y en avoit point ; mais la reine Marguerite étoit sœur d’Henri III, et ne fut brouillée avec lui que pour y avoir été trop bien. Le roi de Navarre, son mari, depuis successeur d’Henri III, étoit premier prince du sang. Il a été catholique longtemps, et demeurant à la cour depuis la Saint-Barthélémy. On ne voit nul vestige d’aucun chevalier de l’ordre fait à leur nomination, ni d’aucune prétention là-dessus de leur part. Ainsi nul usage en cette faveur sous Henri III, instituteur de l’ordre.

Henri IV, en six promotions qu’il a faites, est le premier qui ait pu donner lieu à l’origine de cette prétention. Ce fut par une seule chose, et qu’il n’a pas réitérée. Il faisoit élever à sa cour le prince de Condé, né posthume à Saint-Jean d’Angély, et l’avoit ôté aux huguenots et à Charlotte de La Trémoille, sa mère. Il mit auprès de lui tous domestiques de son choix, lui fit une maison à part ; et parce qu’Henri IV