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mais les occasions étoient continuelles. Il y avoit longtemps à attendre jusqu’au 1 avril ; peut-être encore que cette fatale tabatière lui pesoit, quoique bien loin hors de sa poche. Il eut une très-légère fluxion sur le visage qui ne fut accompagnée d’aucun symptôme ; il la donna pour une attaque d’apoplexie. Quoique tout le monde ne cessât de le voir, et que personne ni les médecins n’en aperçussent pas le moindre soupçon, lui, au contraire de tous les apoplectiques, dont l’un des plus généraux effets de leur mal est de le nier et de n’en vouloir jamais convenir, quitta le bâton les premiers jours de mars et s’en alla à Vichy, où il demeura longtemps en panne, et à laisser refroidir les fureurs et les propos, qui à la fin ne peuvent toujours rouler sur la même chose. Il en revint parfaitement guéri, parce qu’il n’étoit pas parti malade ; et il n’a pas été question depuis pour lui d’apoplexie ni de la moindre précaution pour la prévenir.




CHAPITRE VII.


Effiat avertit M. le duc d’Orléans et lui donne un pernicieux conseil, qu’il se hâte d’exécuter. — Crayon d’Effiat. — Conduite que M. le duc d’Orléans devoit tenir. — M. le duc d’Orléans totalement déserté et seul au milieu de la cour. — Je lui reste unique. — Je l’empêche de faire un cruel affront à La Feuillade. — Crises et bruits contre M. le duc d’Orléans entretenus avec grand art et toujours. — Alarme de mes amis sur ma conduite avec M. le duc d’Orléans. — Service de Maréchal à M. le duc d’Orléans. — Deux cent trente mille livres[1] de pensions et vingt mille livres distribuées dans la maison du Dauphin et de la Dauphine. — Mort de Seignelay ;
  1. Les pensions énumérées par Saint-Simon ne donnent que cent mille livres. Il y a probablement erreur dans le sommaire.