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moins de trouver bon qu’il se défendît ; et il se retira avec la sèche permission de faire tout ce qu’il jugeroit à propos.

Deux jours après il publia un mandement court et fort, par lequel il prétendit montrer diverses erreurs dans celui des deux évêques. Il l’y traita de libelles fait sous leur nom, dont il disoit assez peu à propos qu’il les croyoit incapables, s’éleva contre l’inquiétude du temps, sur la doctrine et sur la licence de quelques évêques de s’ingérer dans la moisson d’autrui, défendit sous les peines de droit la lecture de ce mandement qu’il flétrit en plusieurs manières. Il sembloit qu’il eût droit d’en user de la sorte, par l’abandon et par la permission du roi, et que c’étoit encore avec ménagement par rapport à la nature de la chose. Néanmoins ce fût un nouveau crime, qui lui fit envoyer défense d’aller à la cour s’il n’y étoit mandé.

Les deux évêques, c’est-à-dire ceux qui les mettoient en avant, profitant du succès de leur trame, écrivirent de nouveau. Hébert, de la congrégation de la Mission, avoit acquis une grande et juste réputation étant curé de Versailles. Le cardinal de Noailles lui avoit fait donner l’évêché d’Agen, nonobstant les constitutions de cette congrégation qui excluent leurs membres de l’épiscopat. Il faisoit merveilles dans son diocèse, où il étoit conprovincial des deux évêques. Il leur écrivit une excellente lettre, savante, fort pieuse, par laquelle il leur représenta, avec beaucoup de modestie épiscopale, le tort extrême qu’ils avoient de troubler l’Église, et d’attaquer personnellement le cardinal de Noailles.

Cependant ses ennemis ne dormoient pas et travailloient à lui en susciter d’autres. Il parut un mandement de Berger de Malissoles, évêque de Gap, moins grossier, mais aussi mordant, que le cardinal défendit par un autre, comme il avoit fait celui des deux évêques. Ensuite il écrivit une belle lettre à l’évêque d’Agen, contenant l’histoire de tout ce qui s’étoit passé, mais avec une mesure et une modestie qui la relevoit encore, et qui fut comme un manifeste de sa part