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du trésor public. La justice étoit placée sous la direction du chancelier. Le commerce, les travaux publics, les postes, les colonies, l’instruction publique, ne formoient pas des départements ministériels, et ne dépendoient pas spécialement d’un des secrétaires d’État. Le roi en disposoit comme bon lui sembloit. Ainsi les travaux publics, ou direction générale des bâtiments, qui avoient appartenu à Colbert, à la fois contrôleur général des finances et secrétaire d’État de la marine, furent donnés, après sa mort, au ministre de la guerre, Louvois.

Il n’y avoit point, dans l’ancienne monarchie, de ministre de l’intérieur. Les généralités, qui formoient, sous Louis XIV, les principales circonscriptions administratives de la France, étoient partagées entre les quatre secrétaires d’État, et on retrouvoit dans cette organisation une partie des divisions géographiques que nous avons signalées plus haut. Ainsi, du secrétaire d’État des affaires étrangères dépendoient la haute et basse Guyenne, les intendances de Bayonne, Auch et Bordeaux, la Normandie, la Champagne, la principauté de Dombes, le Berry, et la partie de la Brie qui étoit rattachée à la généralité de Châlons-sur-Marne. Le ministre secrétaire d’État de la maison du roi avoit dans son département la ville et généralité de Paris, le Languedoc, la Provence, la Bourgogne, la Bresse, la Bretagne, le comté de Foix, la Navarre, l’Auvergne, le Nivernois, le Bourbonnois, le Limousin, l’Angoumois, la Marche, le Poitou, la Saintonge, l’Aunis, la Touraine, la Picardie, le Boulonaîs, etc. Telles étoient les provinces de La Vrillière, dont Saint-Simon parle dans ce volume (p. 282). Les ports de mer et les colonies dépendoient du ministre de la marine. Le secrétaire d’État de la guerre avoit l’Alsace, la Franche-Comté, la Lorraine, le Dauphiné, l’Artois, la Flandre, le Roussillon, etc.

Les divisions géographiques que je viens de rappeler ont subi de fréquentes variations ; mais cette organisation administrative a existé, sauf quelques modifications, jusqu’à l’époque de la révolution française. Pour remédier aux inconvénients d’une administration sans unité, on tenoit tous les quinze jours, en présence du roi, le conseil des dépêches, où l’on régloit tous les détails de l’administration intérieure du royaume. Les secrétaires d’État expédioient dans les provinces qui leur étoient attribuées les règlements et ordonnances arrêtés dans ce conseil.