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NOTES.


I. DES ANCIENNES PAIRIES; PAIRS ECCLÉSIASTIQUES ET LAÏQUES.


Page 248.


À l’époque féodale, et spécialement aux xii et xiii siècles, les douze pairs de France étoient en grande renommée. Le poëte Robert Wace, qui vivoit au xii siècle, parle, dans son Roman du Brut, de

Douze comtes d’aulte puissance,
Que l’on clamoit les pairs de France.

Suivant l’usage de cette époque, les poëtes transportoient l’institution des douze pairs dans tous les pays, et à la cour de tous les princes dont ils chantoient les exploits. Ainsi, dans le Roman d’Alexandre, le roi de Macédoine, avant de commencer la guerre contre les Perses, mande toute sa noblesse et ses chevaliers, puis choisit douze pairs, dont l’un doit porter l’étendard royal. L’Écosse et l’Angleterre ont aussi leurs douze pairs dans le Roman de Perceforêt. Ces légendes poétiques constatent la haute renommée dont jouissoient les douze pairs de France. Mais quels étoient, en réalité, les personnages qui formoient cette cour féodale des douze pairs ? Il y avoit six archevêques ou évêques, trois ducs et trois comtes.

Les pairs ecclésiastiques étoient : 1° l’archevêque-duc de Reims, auquel appartenoit le droit de sacrer les rois de France ; en son absence, c’étoit l’évêque de Soissons qui remplissoit cette fonction ; 2° l’évêque-duc de Laon, qui portoit la sainte ampoule au sacre des rois ; 3° l’évêque-duc de Langres, auquel étoit confiée l’épée royale dans la même cérémonie ; 4° l’évêque-comte de Beauvois ; il présentoit au roi le manteau royal ; il alloit, avec l’évêque-duc de Laon, chercher le roi