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comme en 1661 et en 1688, on n’y regarde point par l’impossibilité, et les fils de France sont parrains indifféremment de tous les chevaliers novices, à leur tour ; mais quand il y a des chevaliers suffisamment on revient à la règle toujours observée. C’étoit donc à deux princes du sang à présenter le prince de Conti, mais il n’y avoit de prince du sang que M. le Duc qui fût chevalier de l’ordre. La raison vouloit donc que, pour le second parrain, on en approchât au plus près, et que M. du Maine, ou, si sa jambe boiteuse l’en empêchoit, le comte de Toulouse le fût, puisqu’il ne leur manquoit rien, nulle part en France, du rang de prince du sang que des bagatelles au parlement imperceptibles, et que les enfants mêmes de M. du Maine y étoient pareillement montés. Néanmoins, avec la pique d’entre Mme la Duchesse et M. du Maine, qui étoit dès lors très-vive, sur la succession de M. le Prince, le roi hésita à coupler M. du Maine avec M. le Duc. On pouvoit, pour honorer les princes du sang, coupler M. le Duc avec M. le duc d’Orléans ; mais le rang de petit-fils de France, si récent et si distingué de celui des princes du sang, s’accommoda encore moins de cela que M. le Duc de M. du Maine. Pour couper court, on remonta au faîte, afin que tout y fût sans proportion ; on ne s’arrêta point aux fils de France, quoiqu’il n’y en pût avoir d’un prince du sang avec eux, et la présentation se fit par Monseigneur et Mgr le duc de Bourgogne.

Les quatre autres, on a vu à quelle occasion ils furent nommés, et jusqu’à quel point la décoration de la cour, des plus hautes dignités, de la première naissance, devint de plus en plus, depuis Louvois et sa promotion de 1688, récompense militaire. Les deux premiers portoient l’ordre depuis longtemps jusqu’à ce qu’ils pussent être reçus. À cette occasion, ils furent mandés pour l’être : l’un de Strasbourg, où il commandoit sur toute la frontière du Rhin ; l’autre de Grenoble, où il commandoit sur toute la frontière de Savoie. Les deux autres venoient d’être nommés, et ne portèrent