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poisson d’avril. — Mort de l’électeur de Trêves. — La Porte déclare la guerre à la Russie. — Nangis colonel du régiment du roi. — Mort, famille et caractère de Feuquières. — Réflexion sur les vilains. — Mort et caractère d’Estrades ; sa naissance. — Prétention et procès de d’Antin sur la dignité de duc et pair d’Épernon. — D’Antin obtient permission du roi d’intenter son procès. — Ruse et artifice de son discours. — Appartement du roi à Marly. — Ferme et nombreuse résolution de défense. — Avis sensé et hardi d’Harcourt. — Causes de fermeté. — Mesures prises. — Je refuse la direction de l’affaire, dont je fais charger les ducs de Charost et d’Humières. — Opposition à d’Antin signée. — Étrange procédé du duc de Mortemart. — Souplesse de d’Antin. — Partialité du roi pour d’Antin, inutile. — Misérable procédé de La Feuillade. — Ducs dyscoles. — Aiguillon. — Le roi fait déclarer son impartialité au parlement. — Inquiétude singulière du duc de Beauvilliers à la réception du duc de Saint-Aignan, son frère.


Cette année commença par la cérémonie de faire chevaliers de l’ordre M. le prince de Conti, Médavy et du Bourg, longtemps depuis maréchaux de France, Albergotti et Goesbriant.

M. le prince de Conti n’avoit pas quinze ans. Mme sa mère ne laissoit pas de demander l’ordre pour lui depuis longtemps avec le dernier empressement. L’âge des princes du sang pour l’avoir est vingt-cinq ans ; mais le roi, qui l’avoit donné au comte de Toulouse avant quatorze ans, ne sut que répondre à cet exemple que M. du Maine fit valoir, dans la liaison intime où les affaires de la succession de M. le Prince l’avoient mis avec Mme la princesse de Conti. Aussi, moyennant les bâtards qui peu à peu renversèrent tout et défigurèrent tout, les princes du sang eurent l’ordre sans âge comme les fils de France, c’est-à-dire que, les fils de la couronne et ceux de l’adultère y étant traités pour l’âge en toute égalité, les princes du sang ne purent demeurer exclus du même avantage.

La présentation de M. le prince de Conti fut une autre nouveauté tout aussi étrange. Les parrains doivent être de même rang que le présenté. Lorsque les chevaliers manquent,