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clause, par laquelle ces nouveaux officiers gardes-côtes n’obéiroient qu’aux seuls gouverneurs, commandants en chef et lieutenants-généraux des provinces, et seroient sous la charge de l’amiral et du département de la marine. Il en ôta celle qui restreignoit la création aux lieux où la garde des côtes étoit seulement en usage de tout temps ; et non content d’y comprendre toute la vaste étendue des côtes des deux mers, il y ajouta les deux bords des rivières qui s’y embouchent, en remontant fort haut, et y prit la précaution de dénommer les lieux jusqu’où cela devoit s’étendre sur chacune. Il forma ainsi des capitaines gardes-côtes, non-seulement le long des deux mers, mais fort avant dans les terres, par le moyen des bords des rivières, et mit tous ces pays en proie aux avanies et aux vexations de ceux qu’il pourvut de ces charges.

Je ne sus rien de tout cela que lorsque Pontchartrain eut bien consommé son ouvrage, et qu’il me dit alors, sans aucune explication, que je ferois bien de chercher quelqu’un qui me convînt pour la garde-côte de mon gouvernement. Je pris cet avis pour un désir de trouver à débiter sa marchandise, et je ne m’en inquiétai pas. Assez longtemps après il m’en reparla, et me pressa de lui trouver quelqu’un, pour éviter qu’un inconnu venu au hasard ne me fit de la peine. Je lui répondis que qui que ce fût qui prît cette charge de garde-côte ne pouvoit s’empêcher d’y être sous mes ordres, et qu’ainsi peu m’importoit qui le fût. Il ne m’en dit pas davantage, et la chose en demeura là pour lors.

Dans la suite, je voulus faire régler mon droit et les prétentions du maréchal de Montrevel par Chamillart, pour sortir d’affaires ; Montrevel ne l’osa refuser, et il céda d’abord les milices de Blaye. Elles avoient dans tous les temps été sous la seule autorité de mon père, et leurs officiers pourvus par des commissions en son nom. M. de Louvois, avec qui il n’avoit jamais été bien, et qui n’ignoroit