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première soumission n’entra pas avec eux en affaires ; mais ne différa pas de commencer à travailler chez lui avec eux.

Torcy, Voysin et Desmarets furent ceux sur qui le poids en tomba, par l’importance de leurs départements. Le chancelier, qui n’en avoit point, n’y eut que faire. Son fils, voyant les autres y travailler assidûment, auroit bien voulu y être mandé aussi. Il espéroit s’approcher par là du prince, et il étoit fort touché de l’air important ; mais sa marine étoit à bas, et les délations du détail de Paris, dont il amusoit le roi tous les lundis aux dépens de tout le monde, et dont Argenson lui avoit adroitement laissé usurper tout l’odieux, n’étoient ni du goût du Dauphin, ni chose à laquelle il voulût perdre son temps. D’ailleurs la personne de Pontchartrain lui étoit désagréable, comme on le verra bientôt, et il ne put parvenir à être mandé, ni trouver sans cela de quoi oser aller rendre compte, dont il fut fort mortifié. La Vrillière n’avoit que le détail courant de ses provinces, par conséquent point de matière pour ce travail ; le département de sa charge étoit la religion prétendue réformée, et tout ce qui regardoit les huguenots. Tout cela étoit tombé depuis les suites de la révocation de l’édit de Nantes, tellement qu’il n’avoit point de département.

Ce seroit ici le lieu de parler de la situation dans laquelle je me trouvai incontinent avec le Dauphin, et la confiance intime sur le présent et l’avenir, et toutes les mesures qui y étoient relatives, où je fus admis entre le duc de Beauvilliers et le Dauphin, et le duc de Chevreuse. La matière est curieuse et intéressante, mais elle mèneroit trop loin à la suite de la longue parenthèse que la mort de Monseigneur et ses suites, et que l’affaire de d’Antin et de l’édit qu’elle produisit, a mis au courant. Il le faut reprendre jusqu’au voyage de Fontainebleau. Je reviendrai après à ce que, pour le présent, je diffère.