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Bouillon, depuis grand chambellan de France, et sentit en même temps si bien qu’il perdroit son ancienneté, s’il n’y étoit autrement pourvu, qu’il fit prononcer par M. le chancelier un arrêt exprès pour la conservation de son rang au jour de la date susdite, en ce même lit de justice. Il y a plus : M. le maréchal de La Meilleraye, l’un des quatorze nouveaux pairs, étoit lors absent et en Bretagne pour le service du roi.. Il ne parut pas juste à Sa Majesté que son absence préjudiciât au rang qu’elle lui avoit destiné le quatrième parmi les autres, et il fut encore rendu un autre arrêt pour la conservation de son rang. Il faut convenir que rien n’est plus formel en faveur de M. de Saint-Simon que ces deux arrêts si solennels sur cette même et précise question, émanés du roi même, séant en son lit de justice, uniquement tenu pour les pairs.

« Lorsqu’en 1702, M. de Saint-Simon d’aujourd’hui songea, avec la permission du roi, à se faire recevoir au parlement, il supplia M. le duc de La Rochefoucauld de s’y trouver et de l’y précéder sans rechercher qui avoit eu la dernière alternative, dont l’âge avancé de feu M. de Saint-Simon et la jeunesse de celui-ci avoient ôté les occasions depuis longtemps. M. de La Rochefoucauld fut sensible à l’honnêteté qui certainement étoit grande, mais embarrassé. On étoit à Marly. M. le duc de Saint-Simon fut à Paris voir M. le premier président d’Harlay, qui lui demanda comme il feroit avec M. le duc de La Rochefoucauld. M. de Saint-Simon lui dit l’honnêteté qu’il lui avoit faite qui levoit tout embarras ; mais il ne fut pas peu surpris de la réponse de ce magistrat, qui se piquoit de n’ignorer rien. Cette réponse fut que les rangs des pairs entre eux ne dépendoient pas d’eux au parlement, et que cela ne levoit aucune difficulté. M. de Saint-Simon étoit jeune : il craignoit les exemples des réponses fâcheuses de ce premier président. Il s’y vouloit d’autant moins exposer qu’il savoit par l’expérience de ses affaires que, depuis le procès de