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CHAPITRE VI.


Maladie de Monseigneur. — Le roi à Meudon. — Le roi mal à son aise hors de ses maisons ; Mme de Maintenon encore plus. — Contrastes dans Meudon. — Versailles. — Harengères à Meudon bien reçues. — Singulière conversation avec Mme la duchesse d’Orléans chez moi. — Spectacle de Meudon. — Extrémité de Monseigneur. — Mort de Monseigneur. — Le roi va à Marly. — Spectacle de Versailles. — Surprenantes larmes de M. le duc d’Orléans.


Ce prince, allant, comme je l’ai dit, à Meudon le lendemain des fêtes de Pâques, rencontra à Chaville un prêtre qui portoit Notre-Seigneur à un malade, et mit pied à terre pour l’adorer à genoux, avec Mme la duchesse de Bourgogne. Il demanda à quel malade on le portoit ; il apprit que ce malade avoit la petite vérole. Il y en avoit partout quantité. Il ne l’avoit eue que légère volante, et enfant ; il la craignoit fort. Il en fut frappé, et dit le soir à Boudin, son premier médecin, qu’il ne seroit pas surpris s’il l’avoit. La journée s’étoit cependant passée tout à fait à l’ordinaire.

Il se leva le lendemain jeudi, 9, pour aller courre le loup ; mais, en s’habillant, il lui prit une faiblesse qui le fit tomber dans sa chaise. Boudin le fit remettre au lit. Toute la journée fut effrayante par l’état du pouls. Le roi, qui en fut faiblement averti par Fagon, crut que ce n’étoit rien, et s’alla promener à Marly après son dîner, où il eut plusieurs fois des nouvelles de Meudon. Mgr [le duc] et Mme la duchesse de Bourgogne y dînèrent, et ne voulurent pas quitter Monseigneur d’un moment. La princesse ajouta