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un intervalle après ce qu’il venoit de se passer pour amener les choses ; mais qu’en attendant, je la priois (la duchesse de Villeroy) de dire à Mme la duchesse d’Orléans, etc., c’est-à-dire force compliments, et surtout d’exiger d’elle le plus profond secret, chose dont je n’étois pas en peine, et par son intérêt et par la matière. Je lui contai après combien je m’étois diverti, la veille au soir, chez Mme de Saint-Géran, des doléances extrêmes que Mme de Saint-Pierre y avoit faites des malheurs de Mme la duchesse d’Orléans par cette tyrannie de Mme d’Argenton, à laquelle il n’y avoit plus nul espoir de fin, que je savois résolue et qui éclateroit bien avant qu’il fût vingt-quatre heures de là.




CHAPITRE III.


Le roi me donne l’heure de mon audience. — Besons, mandé par Mme la duchesse d’Orléans, me fait de sa part ses premiers remercîments. — Mesures pour apprendre la rupture à Mme d’Argenton. — Naissance, fortune et caractère de Mlle de Chausseraye. — Audience que j’eus du roi. — Succès de mon audience. — Mme d’Argenton apprend que M. le duc d’Orléans la quitte. — Vacarme à la cour et dans le monde à l’occasion de la rupture. — Joie du roi de la rupture, avec qui M. le duc d’Orléans se rétablit, point avec Monseigneur. — Je passe pour avoir fait la rupture, et, par une aventure singulière, je suis pleinement révélé. — Liaison intime entre Mme la duchesse d’Orléans et moi. — Ma première conversation avec elle. — Politique du duc de Noailles, difficile à ramener à M. le duc d’Orléans. — Nancré ; son caractère.


L’heure du dîner du roi arrivoit, je sortis de chez la duchesse de Villeroy pour y aller, et pour la laisser habiller pour aller chez Mme la duchesse d’Orléans où elle avoit impatience