Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 8.djvu/452

Cette page n’a pas encore été corrigée

reine mère, parce qu’elle a dit qu’il y alloit trop de monde. On la mit à Chaillot.

« Le sujet de sa disgrâce est conté diversement. Les uns disent qu’elle a écrit une lettre où elle traite le marquis de Richelieu de traître et de perfide, pour l’avoir abandonnée, et que cette lettre a été interceptée ; les autres, que le marquis a voulu se rengager dans ce même commerce avec elle, et qu’on l’a appréhendé ; qu’il lui a écrit une lettre plus tendre que toutes celles qu’il lui avoit écrites autrefois, et qu’on a su qu’il l’avoit écrite. On fait d’étranges contes d’elle, et c’est ce qui fait qu’elle veut entrer dans un couvent que la reine mère lui choisira, parce qu’autrement elle ne pourroit se justifier. »

Le 7 septembre, la même personne revenoit encore, dans une lettre adressée à Pellisson, sur la disgrâce de Mlle de La Mothe : « On a fait quatre vilains vers pour l’aventure de Mlle de La Mothe, que Mme de Beauvois [1] a fait chasser. C’est le bon M. de La Mothe[2] qui me les a dits. Il y a une vilaine parole ; mais n’importe ; ce n’est pas moi qui l’y ai mise :

« Ami, sais-tu quelque nouvelle
De ce ce qui se passe à la cour ?
On y dit que la maq…….
A chassé la fille d’amour. »

« Tout le monde blâme M. le marquis de Richelieu[3]. »


III. MADAME LA COMTESSE DE SOISSONS (OLYMPE MANCINI).


Page 441 et suiv. du tome VI.


Parmi les personnages que Saint-Simon avoit peu connus, et qu’il a traités avec une sévérité excessive, on ne doit pas oublier la comtesse de Soissons (Olympe Mancini) ; il en parle souvent dans ses Mémoires, et entre autres à l’occasion de sa mort (t. VI, p. 441-444 de notre édition). M. Amédée Renée, dans son ingénieux et savant ouvrage

  1. Mme de Beauvais, fort connue par ses aventures galantes, était première femme de chambre de la reine Anne d’Autriche.
  2. Il s’agit ici de La Mothe Le Vayer, dont on parle plusieurs fois dans cette lettre, ainsi que de Ménage, de Boisrobert, de Nublé.
  3. Ces deux lettres furent saisies avec les papiers de Pellisson que le roi fit arrêter en même temps que Fouquet. Elles sont conservées à la Bibliothèque impériale, dans les manuscrits de Baluze.